LA CLIMATOLOGUE MARTINE REBETEZ évalue les conséquences des changements climatiques dans
les Alpes.
PROPOS RECUEILLIS PAR
CHRISTIAN CARRON
«Le changement climatique ne se limite
pas à une hausse de la température. Les Alpes et le Valais sont spécialement concernés par les conséquences sur les
précipitations, en particulier leur intensité plus que leur quantité annuelle.
Climatologue auprès de l’antenne romande
de l’Institut fédéral de recherche sur la forêt, la neige et le paysage (WSL), Martine
Rebetez donnera samedi une conférence dans le cadre des Moments de Mauvoisin. L’occasion
de brosser le portrait du Valais de
demain.
Plus chaud, des précipitations plus
soutenues suivies de périodes de sécheresse tout aussi intenses. Quelles
conséquences pour la flore?
Une augmentation de la période de
végétation, mais aussi un certain décalage altitudinal pour certaines espèces.
Prenez l’exemple des pins dans le Haut- Valais.
Depuis quelques années, les arbres situés à basse altitude se portent très mal
avec une mortalité de 50% sur quelques années selon les expositions. Ces pinèdes
malades sont à terme remplacées par des chênaies.
Et pour la faune?
On observe déjà des décalages pour les
insectes ou les oiseaux, des espèces qui se déplacent facilement. Les
mammifères suivront. Les animaux iront toujours plus haut avec ce problème en point
de mire: en altitude, les surfaces ne sont pas aussi importantes qu’en
plaine.
Pour un canton alpin comme le Valais, le
réchauffement climatique signifie-t-il à terme la condamnation des stations de
ski de moyenne altitude?
Non. Ce n’est pas parce que
l’enneigement sera de moins en moins assuré qu’on ne peut pas pratiquer
d’autres activités. Il s’agira donc de les diversifier. L’ensoleillement, déjà
excellent dans les Alpes, va probablement augmenter en hiver. Il y aura toujours une clientèle désireuse
de respirer de l’air pur au soleil, même
sans neige.
A quoi ressembleront les Alpes et le
Valais de demain?
Il fera plus chaud, avec des périodes de
précipitations plus intenses. La végétation gagnera de l’altitude. Dans la
plaine du Rhône en revanche, on pourrait
voir apparaître des phénomènes de type steppique. La forêt de Finges est potentiellement menacée, même si ce phénomène
dépendra des nappes d’eau souterraine et des possibilités d’irrigation.
DES CHANGEMENTS 1000 FOIS
PLUS RAPIDES!
Pour Martine Rebetez, ce ne sont pas le
changement climatique et ses conséquences qui posent problème. Mais bien la
rapidité à laquelle ils vont intervenir. «Notre planète a déjà connu des
températures plus élevées qu’aujourd’hui. Seulement, nous allons assister en
moins de cent ans à des changements équivalents à ceux qui
se passaient auparavant sur au moins 100 000 ans. Ce qui signifie que ces
phénomènes seront 1000 fois plus rapides!»Autre élément essentiel: aujourd’hui
la planète est habitée par des êtres humains. «Les laves torrentielles ont
participé à la création des Alpes. Aujourd’hui, de tels événements détruisent
des infrastructures, des routes, des ponts. Un processus géologique normal.
Article paru dans le Nouvelliste du
10.05.2005
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